vendredi 21 février 2014

BLOGOPAUSE


BONNES VACANCES A TOUS LES BLOGOLECTEURS



DATE DE RETOUR PRÉVUE : LE 09 MARS 2014

dimanche 16 février 2014

C'est lundi, que lisez-vous ? Semaine 08/2014 (09).



Bonjour tout le monde !

C'est LUNDI, que lisez-vous ? est un rendez-vous quotidien où l'on réponds à 3 questions :

1. Qu'ai je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je entrain de lire en ce moment ?
3. Que vais-je lire ensuite ?

Le RDV est coordonné par GALLEANE.





 

Voir la chronique





 

Et si je reçois ma commande avant les vacances 






BONNE SEMAINE LITTÉRAIRE ET BONNES VACANCES A TOUS LES BLOGOLECTEURS. 



LA PUCELLE ET LE DÉMON - BÉNÉDICTE TAFFIN




Le mercenaire Sidoine de Valzan est chargé d'escorter la prophétesse Jehanne. La jeune femme prétend pouvoir remettre le Dauphin sur le trône et rétablir la paix dans le royaume.

Mais à son arrivée, Sidoine découvre qu'elle a été assassinée par des démons. Il lui faut absolument trouver une femme pour sauver le royaume, mais qui ? Il ne connaît personne en ces terres étrangères.
Personne, hormis la prostituée avec laquelle il a passé la nuit précédente : Oriane.
Oriane..... Jehanne..... qui verra la différence ?


L'AUTEUR

Bénédicte se dit "ch'ti d'origine, normande de cœur" mais habite aujourd'hui en région parisienne. 

Son premier roman, Les yeux d'Opale a paru en septembre 2010 aux éditions Gallimard jeunesse.


La Pucelle et le Démon est une réinterprétation de l'auteur de la légende de Jeanne d'Arc.. Une idée de départ très intéressante car certains historiens s'interrogent sur celle-ci en se demandant si elle n'aurait pas été qu'un pion. C'est donc avec une certaine réussite que l'auteur donne une interprétation de cette théorie, qui mêle fiction et faits historiques, dans un univers où la magie et les démons sont omniprésents.

L'auteur nous plonge immédiatement dans son récit, en passant sur un rythme effréné de Jehanne, pieuse vierge de Domfroy, à Sidoine, un mercenaire chargé de l'escorter devant le Dauphin. Une Jehanne qui dés la fin du premier chapitre est tuée par les démons. Au lieu de se remettre en question, Sidoine, se réjouit de ne pas avoir été présent au moment du carnage. Un personnage non conventionnel, blasphémateur, jurant comme un charretier, qui donne le ton à l'histoire.

Pour écrire son roman, l'auteur a fait un vrai travail de recherche, l'intrigue est bien maîtrisée et fait preuve d'originalité pour que cette histoire, plus ou moins connue de tous, surprenne toutefois le lecteur. A chaque début de chapitre, un incipit présente l'histoire de la vraie légende, permettant ainsi au lecteur de comparer la vérité avec la fiction.

En revisitant de manière originale et en y introduisant une part de fantastique, l'auteur nous offre une vision différente de ce qu'aurait pu être la réalité de l'autre côté de la légende. Le lecteur appréciera cette façon de revisiter l'histoire à la manière de Pierre Pevel dans les Lames du Cardinal.

Sidoine chargé de ramener une jeune femme, il va prendre le parti de remplacer Jehanne par Oriane, une prostituée avec qui il avait passé la nuit. A partir de là, vous pouvez laisser Jeanne d'Arc de côté et vous concentrer sur le récit que vous avez entre les mains, histoire de ne pas en perdre une miette.

Le lecteur ressentira une forte empathie pour le personnage du mercenaire, car, en effet c'est celui qui évoluera le plus au fil des pages. Si au début, il apparaît grande gueule, paillard et je m'en foutiste il va au contact de la jeune fille s'adoucir et laisser transparaître sous sa carapace sa droiture et ses faiblesses. De surcroît, ses échanges avec sa partie démoniaque apporte une touche d'humour, même si on peur reprocher sur la fin que le démon serine toujours la même chose. Avec Oriane c'est l'inverse, elle apparaît au départ avec un caractère fort et des réparties qui bousculent Sidoine, mais par la suite sa présence et ses phrases ironiques font place à une attitude butée et orgueilleuse. Le lecteur aurait apprécié que l'histoire bascule par moments sous son point de vue pour apporter plus de cachet à son personnage.

Oriane et Sidoine cohabitent bien, ce sont des personnages pleins de défauts mais le duo fonctionne à merveille. Les personnages secondaires ne sont pas assez fouillés, notamment la sorcière qui poursuit avec ses démons Sidoine.

Le style de l'auteur est plutôt bon, elle a bien su retranscrire selon moi la vie à cette époque, le langage y est cru et sans détour donnant une authenticité agréable à l'histoire.

Mais le tout manque de détails sur certains point du récit ou nous laisse sur un goût d'inachevé. Notamment le point le plus flagrant se révèle être l'opposition qui possède des moyens plus impressionnants que nos héros, dont les plans sont déjoués trop facilement. Ces ennemis sont par trop passifs, j'ai eu l'impression qu'ils n'étaient là que pour le décor. La magie présente dans cet univers manque cruellement d'explications de bases ; il existe différentes sortes de magie mais on ne sait lesquelles. L'univers n'est pas, au début du livre, n'est pas assez explicité et le lecteur a du mal à s'y immerger.

Quant à la fin , elle est trop brutale et il subsiste des zones d'ombres qui si elles avaient étaient explicitées auraient donné plus de charme au roman : un goût d'inachevé est la dernière impression qui reste dans la tête du lecteur la dernière page tournée.

Dans l’ensemble, un roman accrocheur à l'action bien présente mais peu attractive dans la deuxième partie du livre, aux interventions du démon de Sidoine trop redondantes. Avec La Pucelle et le Démon, l'auteur nous offre un roman aux personnages réussis, au récit ironique et à l'écriture fluide, aux combats très bien réalisés qui rendent le récit très visuel, mais où l'on aurait aimé en savoir plus, notamment sur le passé de Sidoine. 

Une romance hors du commun entre deux protagonistes qui ont chacun un secret qui pourrait leur valoir de finir sur un bûcher. Une façon ludique de réviser cette partie de notre histoire de France que j'ai adorée. Il y a un juste équilibre dans le récit entre les batailles sanglantes et la romance, les descriptions et les dialogues. le tout servi par une écriture fluide.

Le monde décrit dans La Pucelle et le Démon est donc semblable à notre Moyen-Âge à l’époque de Jeanne d’Arc, si ce n’est qu’on y utilise la magie et les démons… en bien comme en mal.

On y découvre les horreurs et l'angoisse des champs de batailles, la barbarie des routiers, la position déplorable de la femme dans la société, et on peut s’empêcher de songer aux scènes les plus dures de Braveheart. .




vendredi 14 février 2014

LE PRINCE DU GRAAL - NANCY MCKENZIE


Aux Editions France Loisirs


Tome 1

Avant de mourir, le roi Arthur a demandé à Galaad, fils de Lancelot, de partir à la recherche des trésors inestimables : une épée, une lance et le Graal, censés garantir l'unité et la stabilité de la Bretagne. Galaad, accompagné de son cousin Perceval, met son bras au service de son souverain et accepte la mission.

La route est longue, semée d'embûches, et le jeune chevalier ne cesse de penser à son enfance : il essaie de percer les secrets qui ont bercé sa jeunesse et de comprendre la trahison de son père. Il se rappelle aussi la prophétie de la Dame du Lac que seul un homme au cœur pur pourra réaliser.

Et si c'était lui ? S'il était l'élu ? 


TOME 2

Galaad poursuit la quête que lui a confiée le roi Arthur avant de mourir. Luttant de toutes ses forces pour l'avenir de la Bretagne, aveuglé par ses ambitions et par une soif de vengeance ci
difficile à maîtriser, le jeune chevalier est toujours hanté par son passé.

De tous les adversaires qui se dressent contre lui, le plus dangereux n'est autre que lui même.
C'est en affrontant ses peurs et en écoutant son cœur qu'il va expier ses fautes et découvrir la vérité sur ceux qu'il a tour à tour adulés et haïs. Et c'est l'amour, l'ultime épreuve, qui le sauvera de l'ignorance.
Le Graal n'est peut-être pas si loin....  




L'auteur a le mérite de ne pas écrire une énième quête du Graal centrée uniquement sur Arthur et ses principaux compagnons, mais plutôt de s'attarder sur un personnage secondaire et dont on a peu de récit.

Les Dames du Lac de Marion Zimmer Bradley débutait avec l'évocation spirituelle de la Fée Morgane, Le prince du Graal s'ouvre avec l'invocation magique de Viviane, La Dame du Lac.


Ainsi l'a prédit la Dame du Lac, et ses funestes présages désormais s'accomplissent. La mort a frappé le roi Arthur, son fils et héritier Mordred, ainsi que tous les héros de la Table Ronde. Seul survit Lancelot, un homme brisé, qui a tourné le dos à la Bretagne et à son amour interdit pour la reine Guenièvre. Pourtant, sur ces vestiges, se dresse bientôt un jeune chevalier, à peine plus âgé qu'un enfant, Galaad, le fils de Lancelot.


Avant sa mort, Arthur lui a fait jurer d'entreprendre une quête : retrouver les trésors éparpillés d'un ancien roi. De ces précieuses reliques - une épée, une lance et le Graal - dépend l'avenir de la Bretagne en ruine. Cependant, le jeune homme ne peut oublier ni pardonner la trahison de son père. Pas plus qu'il ne peut bannir de son esprit le souvenir de la séduisante sœur de son ami Perceval. Comment, dans ces conditions, pourrait-il accomplir la difficile mission qui lui a été impartie puisque seul un homme au cœur pur sera apte à réaliser la prophétie de la Dame du Lac ? 

Le Prince du Graal est un roman construit d'une façon particulière, évitant l'ennui, grâce a de nombreux flashs-back concernant différentes époques. On passe de l'âge adulte de Galaad, après la mort du roi Arthur, à son enfance, en passant par quelques épisodes-clés de la construction de sa personnalité tourmentée. On vit avec Galaad, on l'aime, on le déteste... on le voit se construire, faire des erreurs... D'une histoire très connue, Nancy McKenzie propose une interprétation très originale. La psychologie des personnages est très poussée, plus encore que dans Guenievre. Il n'y a aucun manichéisme, tous les personnages ont leur part d'Ombre et de Lumière...

Malgré quelques longueurs, Nancy Mc Kenzie signe encore un excellent roman sur le thème de la légende arthurienne où elle nous dépeint une époque rêvée où les strates du légendaire se superposent jusqu'à occulter la vraie histoire formelle.




SLAINE TOME 1 L'EXILE & TOME 2 LE FLEAU STEVEN SAVILE


LECTURE DANS LE CADRE DU DÉFI  







Tir-Nan-Og. Un pays d'une beauté sauvage où des tribus de farouches guerriers Celtes s'affrontent pour la terre et l'honneur. En ce royaume, la main de Dana la Déesse Terre est omniprésente, mais sa flamme brûle plus fort que jamais dans le cœur de Sláine, fils des Sessair.

Luttant pour contrôler son don de guerrier qu'est le Spasme de Furie, le jeune Sláine a un avant-goût du combat lorsque les siens attaquent une tribu rivale.
Mais ses aventures épiques ne font que commencer, car la main du Destin le guide et Dana lui souffle d'affronter les terribles sorciers Drunes, leurs soldats et les hordes de morts-vivants qu'ils invoquent.



Tir-Nan-Og. Un pays d’une beauté sauvage où des tribus de farouches guerriers celtes s’affrontent pour la terre et l’honneur. En ce royaume, la main de Dana la Déesse Terre est omniprésente, mais sa flamme brûle plus fort que jamais dans le cœur de Sláine, fils des Sessair.
Sláine Mac Roth a vent d’une machination diabolique concoctée par Slough Feg, le nécromancien, pour détruire le Pays des Jeunes. Afin de déjouer ses plans et sauver son peuple, Sláine doit se rendre dans la dimension dangereuse des Sidhe afin de récupérer plusieurs artefacts magiques. N’ayant pour lui que la chance, l’héroïsme et son fidèle ami Ukko le Nain, Sláine parviendra-t-il au bout de sa quête ? Réussira-t-il à arrêter Slough Feg avant qu’il ne soit trop tard ?


L'AUTEUR

L’anglais Steven Savile est un spécialiste en littérature-culte, ayant écrit aussi bien de la science fiction (dont des romans dans l’univers de « La guerre des étoiles » et « Jurassic Park ») que des récits de fantasy et d’horreur, en plus d’avoir été anthologiste tant en Angleterre qu’aux USA. 

En 2002, il remporta le prix L. Ron Hubbard des auteurs du futur, fut sélectionné pour le British Fantasy Awards en 2000 et nominé trois fois pour le prix Bram Stoker. 

En ce moment, il habite à Stockholm, en Suède.


Adapté de la Bande Dessinée éponyme de Pat Mills et Angela Kincaid, L’Exilé est le premier tome du diptyque mettant en scène Slaine Mac Roth. Une fantasy qui par l'action, les combats violents et un héros au caractère emporté n'est pas sans rappeler par certains côté les ouvrages de regretté David Gemmell. Une histoire, sur fond de mythologie celtique, nous montre les débuts de Slaine, ses initiations, et comment il gère son don de Berseker pour défaire ses ennemis.

Berseker : que signifie ce terme ?

Une question par laquelle je vais tenter de vous répondre dans un petit aparté.

En vieux Norrois Bersekr signifierait selon Régis Boyer, un guerrier-fauve qui entre dans une fureur sacrée. En effet, envieux Norrois le terme Berserksgangr signifie littéralement marche, allure du guerrier-fauve qui rend un combattant surpuissant et capable des plus invraisemblables exploits. Un personnage qui apparaît surtout dans les sagas et mythologies celtiques, à l'instar de la Bataille du Hafrsfjörd ou encore dans l'Histoire de Saint Olaf.

Une superbe couverture pour présenter Slaine, le guerrier barbare dans toute sa splendeur, avec un superbe titre en relief, sanglant et serpentant autour du héros… Slaine, un nom revient souvent dans la mythologie celtique irlandaise, le premier grand roi légendaire d'Irlande.On rapporte qu'il débarqua à Wexfourd Harbour, à l'embouchure de la Slaney, d'où son nom.

L'histoire se concentre essentiellement sur une guerre et l'opposition entre magie blanche et magie noire. Les décors ne sont pas assez mis en valeur et, de surcroît l'auteur n'attache pas assez d'importance à la géographie : on se retrouve perdu dans les différents pays que l'on traverse à la suite du héros.

Dans ce premier tome, Slaine nous apparaît un peu trop doué pour se mettre dans des situations invraisemblables dont il sort perdant. Sa propension à se placer dans des situations impossibles ou à prendre de mauvaises décisions ne vont faire que s'amplifier au fil des pages et finir par agacer le lecteur.


La partie la plus intéressante de l'histoire c’est sa relation avec la terre et donc avec la déesse Dana. Mais malheureusement, l'auteur pour démontrer l'attirance physique animale que le héros éprouve pour les incarnations de la déesse transforme le don du héros en une trop grande explosion de violence, qui de plus n'est pas justifiée. Savile nous présente de son héros qu'une seule facette, celle de la haine, de la brutalité primaire, de la férocité....
L'auteur nous présente, lors de ses trop rares apparitions, une déesse tentatrice... à demi-dénudée... alors que pour les celtes elle est vénérée comme la déesse-mère : bienveillante, en communion avec la nature...bien loin d'une déesse prostituée !
Hormis le nain Ukko, qui apporte par son humour un souffle sympathique à l'histoire, les personnages secondaires sont par trop insignifiant.
On ne retrouve pas dans ce premier volume le charme qui opérait dans le premier tome du Death Dealer qui nous présentait une histoire et un héros quelque peu similaire.


Steven Savile nous propose avec ce diptyque une épopée de Sword and Sorcery avec un guerrier proche du Conan original. Slaine est un guerrier celtique et l'auteur nous distille, tout au long des deux volumes, un ensemble d'informations sur la mythologie et plus particulièrement sur la déesse Dana, créant ainsi un roman réunissant tous les ingrédients de l'héroïc-fantasy. Dans le second tome de Slaine, l'auteur nous laisse espérer une suite.

Un univers de guerre, de batailles d’ennemis malfaisants avec très peu de repos du guerrier…Voici l’univers de Slaine le guerrier et l’exilé. Une histoire "pas prise de tête" mais beaucoup top simpliste. Dans le même genre, mais en plus travaillé, l'on trouve Death Dealer de Frank Frazetta et James Silke.  
Un grand bravo à Jean-Sébastien Rossbach pour les couverture de ce diptyque !




A LA POINTE DE L'EPEE - HELEN KUSHNER



RÉSUMÉ

Richard Saint-Vière est le plus fameux des tueurs des Bords-d'Eau, le quartier des pickpockets et des prostituées. Aussi brillant qu'impitoyable, violent à ses heures, ce dandy scandaleux gagne sa vie comme mercenaire en vendant ses talents de bretteur au plus offrant, sans trop se soucier de morale. Mais tout va se compliquer lorsque, pour de mystérieuses raisons, certains nobles de la Cité décident de se disputer ses services exclusifs.

Saint-Vière va dès lors se retrouver au cœur d'un inextricable dédale d'intrigues politiques et romanesques qui pourraient bien finir par lui coûter la vie... 


L'AUTEUR

Romancière new-yorkaise, Ellen Kushner est née à Cleveland, dans l'Ohio. Passionnée par l'histoire médiévale et les traditions, elle a dirigé une collection de fantasy avant de se lancer dans l'écriture. Auteur du splendide Thomas le Rimeur (Word fantasy & Mythopoeic Awards 1991), elle est la cofondatrice de l'Interstitial Art Foundation et anime également Sound & Spirit, une émission de radio sur les musiques, traditions et folklores du monde.



À la pointe de l’épée commence par une tache de sang sur un champ de neige fraîchement tombée, une image qui s’est gravée à jamais dans mon esprit depuis que je l’ai croisée. [...] C’est un début de roman formidable, inoubliable... et le reste est meilleur encore ».
George R.R. Martin


A la pointe de l'épée, bien que paru en France après Thomas le Rimeur, est le premier roman de l'auteur. Ici pas de monstres, pas de magie, pas de monde à sauver, pas de panthéon, de folklore... De la Fantasy ? Pas vraiment ou pas seulement ! Du roman ce Cape et d'épée, alors ? Pas vraiment ou pas seulement !

L'auteur retient quand à elle, une fantasy de mœurs calquée sur la so british comédie de mœurs.

À la pointe de l’épée marque le début de la carrière d’Ellen Kushner, une carrière qu’elle poursuit brillamment en 1991 avec Thomas le Rimeur, un étrange et court roman protéiforme inspiré d’une célèbre ballade écossaise.

Plus abordable, l’univers de À la pointe de l’épée est le référent de l’œuvre de l'auteur, une note d’intention vers laquelle elle ne cesse de revenir au travers de nouvelles ou de romans. A la pointe de l'épée, tire ses influences des romans de capes et d'épées mais aussi des mœurs de la société.

L'histoire se déroule dans un monde inconnu, pas si différent du notre, qui oscille de l'époque de Louis XIII à Louis XIV. Une époque fictive qui se situerait entre notre Renaissance et l’Époque Victorienne, avec une société très médiévale dans son monde de vie, mais moderne dans son fonctionnement politique. Une société qui règle ses différents politiques, de cœurs, d'argent,... dans le sang par des duels. Des combats qui sont l'apanage des bretteurs qui officient, comme des avocats, pour représenter leurs clients à la pointe de l'épée.

Nous suivons dans ce roman les péripéties de Richard Saint-Vière qui loue ses services de talentueux bretteur. Issu des Bords-d'Eau, son métier est de se battre à l'instigation des nobles de la Colline.
..
Le récit navigue donc entre les aléas de la vie de Richard et de son amant, Alec un ancien universitaire en exil forcé ; et sur des épisodes particuliers de l’existence de mortels qui croiseront celle de Saint Vière (on notera particulièrement l’apprentissage de la science du bretteur par un jeune noble, Michael Godwin) ; tout cela en décrivant peu ou prou les mœurs, règles et coutumes qui régissent les Bords-d’Eau et la Colline.

L'histoire met un peu de temps à se mettre en place et s'effectue de manière progressive : c'est un calcul de l'auteur afin de donner à certaines scènes plus d'impacts. L'intrigue est efficace, le suspense au rendez-vous et l'auteur maintient avec brio à le lecteur en haleine et, des fois à totalement le surprendre. Cette manière de procéder, nous offre une intrigue plus immersive et rendent les révélations tout simplement bluffantes.
Ce roman regorge de personnages secondaires bien dépeints tant au niveau caractère que physique, les interactions avec le héros et l'environnement sont très efficaces. Les personnages sont volontairement très caricaturaux : les nobles, caractérisés par cette morgue nonchalante, sont retors, lascifs et langoureux, richement habillés, toujours à comploter et intriguer. Ils habitent là-haut sur la colline. Les autres, la plèbe, les bretteurs, les voleurs et prostituées habitent en bas, aux Bords d'Eau. Les uns ont besoin des autres, un certain équilibre règne entre ces deux classes.
Le style est léger, fluide, très agréable mais un peu fuyant dans le premiers chapitres, ce qui donne un certain flou dans le début de l'histoire. L'auteur porte un soin tout particulier à ses personnages et privilégie les petites histoires de chacun d'eux, faisant fi de tout enjeu dramatique fort elle choisi de traduire les liens intra et extra communautaire des Bords-d’Eau et de la Colline. Des relation parfois surprenantes, telle l'homosexualité.
Le rythme est vraiment très bon, bien mesuré et en accord avec une dynamique bien menée tout au long du récit. On retrouve une touche d'humour, parfois cynique même, qui passent soit par le comique de situation soit à travers les dialogues, utilisés avec beaucoup de réflexion, qui participent beaucoup à l'ambiance général du roman.


Nanti d’une écriture soignée, à la musicalité malicieuse, à l’érotisme latent et à la préciosité amusée , À la pointe de l’épée risque de déboussoler les lecteurs habitués à une narration classique et par trop calculée.
 À la pointe de l’épée est un roman atypique des plus séduisants, où honneur, pouvoir et argent, animent les protagonistes de cette fantasy intimiste. Une œuvre particulièrement emblématique du renouveau de la fantasy post-moderne. À la pointe de l’épée est une œuvre qui peut être considérée comme la fantasy dit maniériste.






LA DERIERE LAME – ESTELLE FAYE





RÉSUMÉ

Un monde qui ressemble à notre Renaissance, menacé par la montée des océans grouillant de créatures maléfiques, où règne la violence, la famine et la misère. L’Église des Cendres prospère sur tout ce désespoir, menée par la mystérieuse Marie aux yeux verts. Dans une des dernières villes émergées, Joad tente d’apaiser les souffrances et se prépare à affronter l’Armée des Cendres. Joad et Marie vont s’engager dans une course dont l’enjeu n’est rien de moins que le sort du monde.

L'AUTEUR


Estelle Faye est une écrivaine française de fantasy. Comédienne (théâtre et télévision), elle a appris tous les métiers de la scène (accessoiriste, chanteuse, machiniste, dramaturge..). Elle a suivi des cours de théâtre à Paris et à San Francisco et a scénarisé plusieurs courts métrages dont un qui a été récompensé par le prix France Télévision au festival de Cannes. 


Elle se consacre aujourd'hui à la réalisation et à l'écriture. Elle est l'auteur de quelques nouvelles (dont "Suriedad" parue dans l'anthologie "Dragons") et de deux romans publiés en 2012 et 2013 : "La dernière lame" paru chez Le Pré au Clercs et "Porcelaine" paru chez Les moutons électriques. 



Pour ses débuts l'auteur nous propose un univers riche, original, qui ressemble à notre renaissance. Un monde en train d'être englouti par les eaux qui recouvrent tout, faisant disparaître des contrées entières . Le monde terrestre disparaît inexorablement forçant la population à s'y adapter. Dans cet univers glauque, où l'on ressent la montée inévitable des eaux, des créatures incroyables s'attaquent aux gens reprenant à leur manière le contrôle de ce monde.

L'idée principale est intéressante et d'actualité, la recherche désespérée d'une alternative est légitime et captivante.

C'est dans cette atmosphère pesante, à la limite du supportable, qu'on trouve l’Église des Cendres forçant tout le monde à se convertir à coups de combats sanglants ; ces fanatiques arguant que ce chaos est une punition de Dieu. Il semblerait que l'auteur ce soit inspirée des faits et méfaits de l'Inquisition avec son Église des Cendres. Mais pas seulement comme nous le verrons plus loin dans ma chronique.

Le lecteur que je suis n'a eu aucun mal à s'immerger dans l'univers de l'auteur, les images s'imposant d'elles-même dans ma tête.

En première ligne des fanatiques, il y a Marie, la terrible lady, sans mémoire et sans cœur et, s'opposant à elle, Joad le docteur qui se bat pour sauver son hôpital. Dans le premier chapitre, on découvre en Marie, une jeune femme innocente qui va évoluer jusqu'à devenir une machine à tuer. Respectée et détestée à la fois, le lecteur espérant tout au long du récit qu'elle va s'amender et retrouver le droit chemin, mais plus les pages se tournent, plus elle s'enfonce dans lest ténèbres pour finir à la tête de l'armée des ombres. Face à elle, Joad, qui malgré son handicap 'est un homme dévoué à son prochain et très attachant. Deux personnages qui par bien des côtés se ressemblent, tous les deux ont été privés de leurs souvenirs, et tous les deux se battent pour ce qu'ils croient être juste.

C'est grâce Joad que nous allons faire connaissance avec Jester, un personnage très important mais qui nous apparaît bien tard dans l'histoire. Pari des années auparavant chercher une solution, un espoir de sauver le monde et faire reculer les eaux. Une façon de semer le trouble dans l'esprit du lecteur : qui est cette déesse supposé sauver le monde ?

Est ce Marie ?

Marie qui nous surprend par sa force, mais aussi par sa cruauté, son obstination. Comme la Jeanne d'Arc du Chaos, elle déchaîne le fanatisme et endosse le martyr.

L'aventure relatée est intéressante à suivre, l'action est bien menée, et les combats bien que nombreux ne sont jamais répétitifs. Les ellipses sont globalement bien gérées ; seule la transition Cendres/Ombres de Marie aurait méritée un plus ample développement. Le changement est un peu brutal, on aurait aimé mieux le connaître, avoir plus de temps pour le voir se mettre en place. L'histoire est crue, violente, noire et sort des sentiers battus, loin de la romance qui est trop souvent l'apanage des romans jeunes adultes.

Dans ce roman dédié à la jeunesse, Estelle Faye, n'a pas peur d’aborder des sujets délicats, comme la folie que les guerres peuvent engendre, le fanatisme qui va malheureusement de pair avec la religion, le combat face à l'étroitesse d'esprit de certains. L'épilogue est vraiment bien choisi et vient subtilement refermer la boucle de l'histoire.

Avec un livre inclassable et à la limite des genres, pour son premier roman, l'auteur entraîne de la meilleure manière le lecteur dans un roman sombre et tout autant lumineux.










NOCTURNE SUR FONDS D'EPEES – DANIEL WALTHER




RÉSUMÉ

Dans ce chaos de temps et de silence, dans ce désert où les civilisations explosaient comme des gouttes de lave, la Terre avec son orgueil maladif, sa vanité native ne connut qu'un destin très ordinaire : des équipages belliqueux la quittèrent, vastes escadres de proie dont la plupart connurent des sorts lamentables, s'échouant sur des plages inhospitalières, se laissant gober par des planètes en fusion.
Mais quelquefois des équipages parvinrent à créer des civilisations ici ou là, comme par exemple la Grande-Terre.
Pourtant, détachées de leurs racines, les civilisations para-terriennes ne connurent que des périodes apogétiques extrêmement courtes. La Barbarie, sous toutes ses formes, menaça rapidement les frêles réalisations des enfants de la Terre. La Magie, depuis de longs siècles, avait remplacé la science dans une grande partie de l'Univers.
La Grande-Terre se trouvait justement dans un secteur spatial où régnaient d'étranges et puissantes entités.
Comme celles qui avaient jeté leur dévolu sur le monde de Dijkal.
La Magie était mille fois plus ancienne que la Science. La Science essayait d'expliquer le monde ; et pourtant c'était la Magie qui régissait la vie de la plupart des espèces évoluées.
Mais cela les hommes, fiers de leur supériorité scientifique et technologique, ne pouvaient pas le savoir.
Ils ignoraient également qu'au-delà de la mer obscure qui séparait le système solaire des autres soleils de la galaxie, par-delà ce fragile noman's land qui les garantissait d'un mal pernicieux, des Créatures innommables avaient établi durablement leur Règne...


L'AUTEUR

Né en 1940 à Munster (Alsace), Daniel Walther est journaliste dans un grand quotidien de l'Est. Il dirige, chez Opta, le Club du Livre d'Anticipation (CLA) et Galaxie-Bis.
Grand Prix de la Science-Fiction Française, Prix Europa S-F Spécial, il a publié neuf romans et trois recueils de nouvelles.
Reconnu aujourd'hui comme l'un des tout premiers écrivains français de science-fiction et de fantastique, Daniel Walther peut, en outre, être considéré comme le seul grand poète français du genre.



Le recueil se compose de quatre nouvelles :

Nocturne sur fond d'épées,
Les eaux de gloire,
Dans le repaire de la goule,
Le navire du dieu d'argent


Inspirée de Moorcock, cette Saga de Synge et de Brennan se compose de quatre nouvelles assez longues. Les trois premières d'entre elles étaient parues entre 1972 et 1974 ce que l'éditeur omet de préciser, préférant frapper le quatrième de couverture d'un Inédit à la limite de l'arnaque, puisqu'il ne concerne que la quatrième nouvelle, la plus longue.

Sur une planète retournée à la barbarie après la conquête des étoiles par les hommes, deux héros que tout oppose se retrouvent contraints de se côtoyer dans des aventures aussi grandioses que terrifiantes. D’un côté Synge, personnage cultivé et civilisé qui a été arraché de son monde raffiné pour atterrir sur cette planète barbare. De l’autre Brennan, guerrier aussi musclé que stupide qui aime surtout violer et massacrer à tour de bras. L’un convoite le royaume et la femme de l’autre. Mais le deuxième a besoin du premier pour réussir sa quête. Les voilà tous les deux partis ensemble de concert tout en sachant qu’au moindre faux pas, l’autre en profitera pour le tuer.

L'auteur, dans la plus pure tradition de Michael Moorcok, qu'il cite dans sa présentation, nous invite à parcourir quatre textes de Sword and Sorcery. En effet, son écriture et son style abrupt, vénéneux sont dans la grande tradition de la sword and sorcery représentée en premier lieu par des Howard, Norman ou donc Moorcock. Mais ce qui le rapproche le plus du troisième est sans conteste son héros qui gagne, malgré le format court de la nouvelle, en profondeur au gré de ses quêtes.

Les règles de ce sous-genre sont respectées, la structure des histoires est celle de la quête, d'un objet ou d'un savoir, d'un pouvoir. Les personnages archétypes sont au rendez-vous : guerriers, sorcières, magiciens,...


Ces histoires se lisent agréablement, certaines pages méritent que l'on s'y attarde plus que pour une simple lecture cursive, et, en effet, les thèmes du pouvoir et du combat contre l'obscurantisme sont traités. On peut toutefois regretter que les textes ne soient pas d'un niveau littéraire égal, mais le plaisir est là, pour une après-midi confortable de lecture. Pour les amateurs de Sword and Sorcery classique qui apprécient l'apologie de l'action plutôt qu'une intrigue bien ficelée. L'intérêt principal réside dans la haine viscérale des deux guerriers, l'un pour l'autre et vice-versa, alors qu'ils sont obligés de cohabiter. Daniel Walther rend ici hommage au héros de Leiber, Moorcock ou Howard en privilégiant une fantasy faite de guerriers, d'aventures ou de combats plutôt que d'explorer les sociétés rencontrées ou le développement de la psychologie de ses personnages.

Une lecture rendue toutefois agréable par la plume de conteur de l'auteur saupoudrée de traits d'humour et d'érotisme.