dimanche 16 février 2014

LA PUCELLE ET LE DÉMON - BÉNÉDICTE TAFFIN




Le mercenaire Sidoine de Valzan est chargé d'escorter la prophétesse Jehanne. La jeune femme prétend pouvoir remettre le Dauphin sur le trône et rétablir la paix dans le royaume.

Mais à son arrivée, Sidoine découvre qu'elle a été assassinée par des démons. Il lui faut absolument trouver une femme pour sauver le royaume, mais qui ? Il ne connaît personne en ces terres étrangères.
Personne, hormis la prostituée avec laquelle il a passé la nuit précédente : Oriane.
Oriane..... Jehanne..... qui verra la différence ?


L'AUTEUR

Bénédicte se dit "ch'ti d'origine, normande de cœur" mais habite aujourd'hui en région parisienne. 

Son premier roman, Les yeux d'Opale a paru en septembre 2010 aux éditions Gallimard jeunesse.


La Pucelle et le Démon est une réinterprétation de l'auteur de la légende de Jeanne d'Arc.. Une idée de départ très intéressante car certains historiens s'interrogent sur celle-ci en se demandant si elle n'aurait pas été qu'un pion. C'est donc avec une certaine réussite que l'auteur donne une interprétation de cette théorie, qui mêle fiction et faits historiques, dans un univers où la magie et les démons sont omniprésents.

L'auteur nous plonge immédiatement dans son récit, en passant sur un rythme effréné de Jehanne, pieuse vierge de Domfroy, à Sidoine, un mercenaire chargé de l'escorter devant le Dauphin. Une Jehanne qui dés la fin du premier chapitre est tuée par les démons. Au lieu de se remettre en question, Sidoine, se réjouit de ne pas avoir été présent au moment du carnage. Un personnage non conventionnel, blasphémateur, jurant comme un charretier, qui donne le ton à l'histoire.

Pour écrire son roman, l'auteur a fait un vrai travail de recherche, l'intrigue est bien maîtrisée et fait preuve d'originalité pour que cette histoire, plus ou moins connue de tous, surprenne toutefois le lecteur. A chaque début de chapitre, un incipit présente l'histoire de la vraie légende, permettant ainsi au lecteur de comparer la vérité avec la fiction.

En revisitant de manière originale et en y introduisant une part de fantastique, l'auteur nous offre une vision différente de ce qu'aurait pu être la réalité de l'autre côté de la légende. Le lecteur appréciera cette façon de revisiter l'histoire à la manière de Pierre Pevel dans les Lames du Cardinal.

Sidoine chargé de ramener une jeune femme, il va prendre le parti de remplacer Jehanne par Oriane, une prostituée avec qui il avait passé la nuit. A partir de là, vous pouvez laisser Jeanne d'Arc de côté et vous concentrer sur le récit que vous avez entre les mains, histoire de ne pas en perdre une miette.

Le lecteur ressentira une forte empathie pour le personnage du mercenaire, car, en effet c'est celui qui évoluera le plus au fil des pages. Si au début, il apparaît grande gueule, paillard et je m'en foutiste il va au contact de la jeune fille s'adoucir et laisser transparaître sous sa carapace sa droiture et ses faiblesses. De surcroît, ses échanges avec sa partie démoniaque apporte une touche d'humour, même si on peur reprocher sur la fin que le démon serine toujours la même chose. Avec Oriane c'est l'inverse, elle apparaît au départ avec un caractère fort et des réparties qui bousculent Sidoine, mais par la suite sa présence et ses phrases ironiques font place à une attitude butée et orgueilleuse. Le lecteur aurait apprécié que l'histoire bascule par moments sous son point de vue pour apporter plus de cachet à son personnage.

Oriane et Sidoine cohabitent bien, ce sont des personnages pleins de défauts mais le duo fonctionne à merveille. Les personnages secondaires ne sont pas assez fouillés, notamment la sorcière qui poursuit avec ses démons Sidoine.

Le style de l'auteur est plutôt bon, elle a bien su retranscrire selon moi la vie à cette époque, le langage y est cru et sans détour donnant une authenticité agréable à l'histoire.

Mais le tout manque de détails sur certains point du récit ou nous laisse sur un goût d'inachevé. Notamment le point le plus flagrant se révèle être l'opposition qui possède des moyens plus impressionnants que nos héros, dont les plans sont déjoués trop facilement. Ces ennemis sont par trop passifs, j'ai eu l'impression qu'ils n'étaient là que pour le décor. La magie présente dans cet univers manque cruellement d'explications de bases ; il existe différentes sortes de magie mais on ne sait lesquelles. L'univers n'est pas, au début du livre, n'est pas assez explicité et le lecteur a du mal à s'y immerger.

Quant à la fin , elle est trop brutale et il subsiste des zones d'ombres qui si elles avaient étaient explicitées auraient donné plus de charme au roman : un goût d'inachevé est la dernière impression qui reste dans la tête du lecteur la dernière page tournée.

Dans l’ensemble, un roman accrocheur à l'action bien présente mais peu attractive dans la deuxième partie du livre, aux interventions du démon de Sidoine trop redondantes. Avec La Pucelle et le Démon, l'auteur nous offre un roman aux personnages réussis, au récit ironique et à l'écriture fluide, aux combats très bien réalisés qui rendent le récit très visuel, mais où l'on aurait aimé en savoir plus, notamment sur le passé de Sidoine. 

Une romance hors du commun entre deux protagonistes qui ont chacun un secret qui pourrait leur valoir de finir sur un bûcher. Une façon ludique de réviser cette partie de notre histoire de France que j'ai adorée. Il y a un juste équilibre dans le récit entre les batailles sanglantes et la romance, les descriptions et les dialogues. le tout servi par une écriture fluide.

Le monde décrit dans La Pucelle et le Démon est donc semblable à notre Moyen-Âge à l’époque de Jeanne d’Arc, si ce n’est qu’on y utilise la magie et les démons… en bien comme en mal.

On y découvre les horreurs et l'angoisse des champs de batailles, la barbarie des routiers, la position déplorable de la femme dans la société, et on peut s’empêcher de songer aux scènes les plus dures de Braveheart. .




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