lundi 12 janvier 2015

Les Chroniques des Crépusculaires - Matthieu Gaborit


Lecture dans le cadre des Challenges : 






Le baron de Rochronde n'est plus. Et, selon la coutume, son fils Agone doit lui succéder. Or, peu enclin à suivre les traces de son père, guerrier sanguinaire impitoyable, celui-ci se destine à une vie d'érudit itinérant. Agone accepte néanmoins la dernière requête du défunt : passer une semaine au collège occulte du Souffre-jour, où d'éminents maîtres d'armes et de magie initient aux arcanes de puissants pouvoirs. Là, il va découvrir le sens de sa destinée... Alors que grandissent menaces extérieures et conspirations fomentées par les adeptes du Cryptogramme-magicien, l'héritier de Rochronde, armé de sa fidèle rapière Pénombre et rompu aux plus redoutables arts magiques, saura-t-il trouver son salut et délivrer les Royaumes Crépusculaires qui sombrent dans la tourmente ?


Les chroniques des Crépusculaires est découpé en trois parties correspondants aux trois volumes de la trilogie.

Dans la première partie intitulée Le Souffre-Jour, Agone, respectant les dernières volontés de son père édictées par testament magique se retrouve dans l'étrange collège de Souffre-Jour maintenu dans une obscurité éternelle par les arbres magiques du même nom, dont l'accès est réservé à quelques élus formés aux arts de l'intrigue et de la manipulation. Lui qui avait choisi la voie d'érudit et d’enseignant itinérant se retrouve entraîné, bien malgré lui, dans un complot visant à renverser le pouvoir en place et dont il sera la pièce maîtresse. Rattrapé par son passé, il en ressortira changé à jamais et contraint de devenir le défenseur de l'équilibre des forces magiques.

Une première partie qui met en relief les atouts majeurs du roman, à savoir son originalité et la qualité première de l'auteur son inventivité. L'auteur pose un univers bien à lui, un univers révolutionnaire pour l'époque où l'on se contente habituellement de pasticher Tolkien ou les scénarios des jeux de rôles en déclinant à l'infini les canons du genre : elfes, nains, trésor à découvrir, royaume à défendre...

A cet univers inédit et à une magie innovante et omniprésente, l'auteur y adjoint comme protagoniste principal un antihéros courant après sa destinée qui peut par l'utilisation d'une rapière dotée d'une âme rappeler Elric de Ménilboné, mais par ses principes et convictions Agone est bien loin de ressembler à ce dernier.

Dans la deuxième partie, après la destruction du collège de Souffre-Jour dont il est le principal responsable, Agone se rend à Lorgol, théâtre de ses exploits quand sous la houlette de son père il apprenait le métier d'assassin. Un passé qu'il voulait fuir en suivant l'idéologie de Préceptorale. Un passé qui aujourd'hui le rattrape. Il va y retrouver l'un de ses anciens compagnons, mais aussi apprendre les notions de base de la magie. Rattrapé par l'un des Psycholune désireux de se venger de la destruction du collège, c'est un Agone qui n'est plus que l'ombre de lui-même qui poursuivra son destin/

On retrouve dans cette deuxième partie une autre vision de la magie, toujours aussi innovante et spectaculaire pour l'époque. En effet l'utilisation de Danseurs, source de l'influx magique, est une invention bien plus poétique et riche que les manas et autres fluides habituellement utilisés par les magiciens et sorciers.

Dans cette deuxième partie l'auteur ménage bien le suspense en faisant monter crescendo la tension sous-jacente jusqu'au derniers paragraphes qui vont déterminés la suite de la trilogie.

Dans la troisième partie après la quasi éradication des mages par Lerschwin et face à l'invasion des territoires voisins, Agone, décide, en prenant la tête de la résistance, de se rendre à Rochronde. Accompagné des magiciens survivants, il va tenter de coaliser les barons pour faire face à l'envahisseur.

Dans la création de son univers pointe l'influence du jeu de rôle tant l'auteur à pour celui-ci le goût du détail dans tout ce qui entoure le personnage.

Si la magie est omniprésente, novatrice, est le point fort de ce roman, la narration quand à elle en est le point faible, l'auteur procède effectivement par soubresauts dans le développement de l'intrigue, certains passages s’avérant linéaires. De surcroît l'auteur ne développe pas assez certaines de ses idées par rapport à d'autres : un manque de structuration du roman est alors ressenti par le lecteur. Dans la première partie le rythme de l'histoire essouffle rapidement, par contre dans la dernière partie du récit celle-ci s’accélère mais pour déboucher sur un final qui est trop abrupt.

Un univers inventif, particulier, sombre qui aurait mérité plus de soin de la part de l'auteur dans le développement de l'intrigue, une dynamique en dents de scie, Les Chroniques des Crépusculaires s'avèrent tout de même être une très bonne fantasy française . Plus de soin en aurait fait un incontournable du genre.



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