dimanche 10 janvier 2016

La confrérie des corbeaux, Chris Ranchoux



1206. Les terres d’Auvergne ont été récemment rattachées au Royaume de France mais Philippe Auguste bataille toujours contre les Plantagenêts pour agrandir et unifier son domaine royal. Maistre Bourdon, un vieux forgeron détenteur jalousé du secret des lames de Damas, et son jeune apprenti Auguste coulent des jours paisibles dans le petit hameau de Ranchoux entre Saint-Pal-de-Chalencon et Craponne-sur-Arzon. Mais le cours nonchalant de leur vie va soudain se voir perturbé par de bien insolites incidents. Et le spectre d’un sombre péril que l’on croyait disparu depuis des lustres se dessine de nouveau à l’horizon…


Comme l'indique la quatrième de couverture La Confrérie des Corbeaux projette le lecteur en terrain connu puisque cette Fantasy Historique s'inscrit dans un monde connu : la France. Un royaume de France à l'époque plutôt étriqué puisqu'en 1180 il ne s'étendait que de Paris à Orléans. Le récit historiquement parlant se situe en plein conflit entre les Français et le Anglais juste après la chute du Château Gaillard que Richard Cœur de Lion avait fait érigé pour surveiller la Seine. Suite à cet affront le Roi d'Angleterre forme un coalition avec l'Empereur Germain, les Comtes de Flandres et de Boulogne.

C'est donc dans cette période instable que s’installe le récit mêlant Histoire avec un grand H et récit imaginaire. Un arrière plan assez classique dans le genre, mais seulement évoqué dans le prologue. Au début du récit nous suivons un maître forgeron bourru et son assistant. Envoyé effectuer une réparation sur un chariot à la nuit tombée l'assistant n'étant pas rentré, le forgeron part, en pleine tempête, à sa recherche. L'auteur servant du temps déplorable fait monter crescendo une atmosphère des plus inquiétante qui va parfaitement coller à la suite des événements. Dans un climat de peur bien installée les deux protagonistes vont rencontrer une petite troupe d'hommes d'armes.

Une troupe où tous les membres sont entièrement vêtus de noir d'où le titre du roman. C'est à partir de cette rencontre que l'imaginaire va prendre le dessus sur le moyen-âge et le quotidien de nos deux artisans. Au fil des pages qui se tournent la tension ambiante se fait plus pressante, l'inquiétude se meut en terreur, jusqu'à virer dans l'horreur dans la dernière partie du roman.
Les descriptions finement ciselées permettant au lecteur de bien s'immerger dans cette partie de l'Auvergne et dans le climat de crainte de cette période de notre histoire. Si l'intrigue met en peu de temps à se développée, les révélations faites par la troupe deviennent rapidement addictive. L'existence du Confrérie sécrète œuvrant en marge de l’Église Catholique Romaine est un thème que l'on rencontre plus régulièrement dans les romans historico-ésotériques que dans le genre présent.

Si le bestiaire développé par l'auteur est dans sa grande majorité courant en Fantasy, les créatures de cauchemar mangeuses d'âmes apporte une pointe novatrice au genre et au roman.

Les personnages principaux sont bien développés au niveau psychologique : l'opposition d'un caractère bourru opposé à la grandeur d'âmes fait que l'on s'attache rapidement aux deux forgerons. L'auteur par le biais de flash-backs revient sur le passé du forgeron. Une manière de procéder qui n'est pas sans créer quelques longueurs mais qui se révèle nécessaire pour mieux comprendre les dessous du récit. Les personnages secondaires, hormis l'un d'
eux auraient gagnés à être un peu plus fouillés ce qui aurait également permis d'étoffer le roman qui se révèle un peu court.

La magie bien que présente, n'occupe pas l'avant de la scène, mais surgit à un moment critique du récit et l'on a une forme d'hommage déguisé à un certain enchanteur de légende.

Le vocabulaire moyenâgeux employé dans les dialogues donne plus de crédibilité au récit permettant ainsi de mieux intégrer l'imaginaire à la partie historique du récit. Le lecteur ne rencontre aucune difficulté à l'appréhender dans les premiers chapitres les dialogues sont traduits en français de notre époque, et pour le reste du récit lexique est disponible en fin de roman.

C'est sur un final un peu triste et ouvert que se termine ce présent volet laissant au lecteur bon nombre de questions sans réponses.

Un univers cohérent où imaginaire et histoire s'imbriquent de fort belle manière, des personnages intéressants qui évoluent au fil des pages, une action quasi omniprésente et une ouverture pour le prochain volet qui laisse planer le mystère. Un début plus que prometteur et un auteur à suivre.







3 commentaires:

Unknown a dit…

Cher Pierre-Marie (Goupil),

Il n'est de plaisir plus grand pour un auteur (et moins cet auteur est connu, plus cela est vrai !) que de recevoir un message d'appréciation d'un lecteur. Votre commentaire me fait extrêmement plaisir et je vous en remercie.
J'ai, bien sûr, suivi votre lien et ai lu avec grand intérêt votre revue qui m'éclaire sur le détail de votre critique. Je me sens flatté que vous me catégorisiez dans "les auteurs à suivre" et je prends bonne note de vos remarques constructives sur les points à améliorer pour la suite. Comme le dirait un certain Valérian (Agent spatio-temporel) dans un de ses discours : "Je serai digne de l'honneur qui m'est fait."

Si vous faîtes partie des quelques trente cinq premiers à avoir acheté "La confrérie des corbeaux", vous avez certainement noté quelques fâcheuses coquilles et l'absence de numéros de page sur cette première édition... Mes plus plates excuses pour cette erreur de dossier d'import qui a été rectifiée dans la foulée (mais trop tard pour les premiers lecteurs, j'en suis désolé).

En remerciement pour votre soutien et encouragement dans votre site (auquel je viens de m'abonner !), permettez-moi de vous envoyer en avant-première les quelques pages du prologue du second tome sur lequel je travaille. Vous trouverez mon mail personnel dans la boîte de votre site, contactez-moi et je vous l'enverrez au plus vite... Juste pour vous mettre "en appétence" pour la suite.

Encore merci et... Gardez-vous de mal,

Chris Ranchoux

Guenièvre a dit…

Il faut vraiment, vraiment que je mette la main sur ce livre!!! La quatrième de couverture et la magnifique couverture avaient suffi à me mettre l'eau à la bouche, et ta chronique ne fait que confirmer cette première impression...
Ceci dit je dois avouer en avoir sauté des passages de crainte de me faire spoiler: je préfère garder le maximum de suprise!

Unknown a dit…

Bonjour des terres sequanes, mais dont les origines me ramènent à Craponne et je dois vous dire que cest l'evocation du village de mes ancêtres qui a attiré mon attention sur le livre. Jen suis page 54 et jai hâte de voir maistre Bourdon faire parler la faucheuse mais surtout voir votre tome 2 sortir! auteur au top et pas de chichi avec des personnages faiblards! Bonne continuation et banzai!