mardi 23 février 2016

Le sacrifice du guerrier tome 1, Jacques Martel

Lecture dans le cadre du challenge :




Jarl, fils d'Arkhai le Brûlé, Khan des Khans des clans nomades de la Grande Aride, montre des aptitudes à la guerre dès son plus jeune âge. Craignant pour sa vie, Isara, sa mère, veut empêcher l'accomplissement de cet avenir sanglant. Il quitte alors les clans pour étudier dans une grande cité. Lorsque Arkhai est fait prisonnier par l'Empire de l'Amer, Isara comprend que les fils de la destinée de Jarl sont déjà tissés. L'animosité et le désir de conquêtes de l'Empire le contraignent à reprendre le projet d'unification des tribus de la horde. A ses côtés, deux héros légendaires, le Roi Solitaire et la Reine Vierge lui apportent leur soutien. Il se heurte pourtant à l'hostilité des autres Khans qui ne reconnaissent pas l'autorité du " sans nom ". Il décide dans ces conditions de libérer son père. Dans l'ombre, le mystérieux hoplite veille sur sa destinée... 


Jarl, fils du Khan des Khans, éloigné par sa mère, d'une prophétie sanglante, a vécu sa jeunesse dans les citées impériales de de l'Amer d'où elle est en même issue. Mais lorsque son père, qui venait d'unifier sous sa bannière tous les clans est emprisonné par l'Empire, il prend conscience de sa destinée. Mais pour stopper la progression des légions de l'Empire sur les terres des clans, il doit leur prouver qu'il est digne de les mener à la victoire en devenant le Dayntsch Amia, le Don du Guerrier. Pour se faire il peut compter sur quelques proches et d'un mystérieux personnage qui veille dans l'ombre sur sa sécurité.
Chronologiquement le récit se situe après La Guerre de l'Hydre déjà chroniqué précédemment, mais dans ce cycle de fantasy, comparable à celui de David Gemmell, il est préférable de commencer par le Sacrifice du Guerrier pour mieux s'imprégner de l'univers et faire la connaissance de personnages récurrents aux deux récits.

Dans un univers médiéval proche des grandes invasions barbares, avec notamment les Huns et la fin de l'Empire Romain, l'auteur parvient très rapidement à nous immerger dans les contrées arides de son monde sombre et sans merci. Le monde dépeint par l'auteur, qui mélange habilement des légendes et des personnages mystiques, s'avère tout à fait crédible. En effet, il apporte beaucoup de soin à nous décrire les us et coutumes, les formes d'expression culturelle, et la foi de ces deux peuples que tout oppose. L'univers n'est pas sans rappeler les mythes grecs avec un panthéon discret mais omniprésent où, par l'intermédiaire des hommes ; les divinités guerrières s'affrontent sur Terre.

Le postulat de départ, à savoir empêcher l' Empire de s'emparer des territoires claniques en unifiant les tribus ne fait pas dans l'originalité et se révèle plutôt basique, mais le synopsis fonctionne très bien. L'auteur met en place, au fil des pages, le contexte géopolitique les personnages, la mythologie, les us et coutumes des deux nations. Plus l'on avance dans le roman, plus les pièces s'imbriquent entre elles et le récit prend de l'ampleur donnant une vision élargie de cette grande épopée. La notion de magie est présente avec les shamans mais même si parfois elle est utilisée ses effets ne sont pas exprimés visuellement. Les combats sont omniprésents dans le récit, d'une précision rare et d'une forte intensité. Le lecteur vibre à l'unisson des personnages comme s'il se trouvait dans la peau d'un des épéistes.


Bien que nous nous trouvons dans une héroïc-fantasy de deuxième génération, les protagonistes qui accompagnent le héros sont des légendes vivantes, hautes en couleurs qui apportent un plus au récit. Que ce soit le héros ou les personnages de second plan, ils ne sont ni stéréotypés, ni ridicules mais complexes, profonds, malgré que parfois certains traits de caractère soient légèrement accentués mais ne sommes nous pas en présence de barbares. Le personnage étrange du Hoplite qui apparaît parfois est dans cette première partie peu exploité, mais par contre son côté mystérieux apporte plus de suspense au récit.

La structure du récit est particulière, l'auteur commence son récit par la fin, alternant à chaque chapitre l'ascension du protagoniste principal en deux temps entre les événements récents et la jeunesse du jeune homme. Le début du roman commence par l'événement le plus récent de l'histoire mais nous livre par la suite les autres événements sans ordre précis. Une manière qui peut paraître étrange au lecteur mais qui colle parfaitement à l'esprit de ces indomptables peuplades de ces guerriers des steppes. Cette manière de procéder éclaire le lecteur sur la façon d'arriver à la situation de fin et l'attitude présente du protagoniste principal. Le style de l'auteur est totalement maîtrisé, recherché, nous plonge de manière à la fois sauvage et mélancolique dans un récit légendaire comme loué par les poètes et les bardes. Avec des références historique habilement disséminés ici et là, l'auteur, passionné d'histoire médiévale, apporte certaine profondeur au récit.

Avec ce diptyque et la Guerre de l'Hydre l'auteur nous entraîne, aux côtés de figures héroïques torturées et dans un univers à la fois historique et mythologique très travaillé , dans une saga qui n'est pas sans rappeler le cycle de Drenaï, notamment par la forme narrative, les comportements humains et la frénésie des batailles. Pour son premier roman, malgré l'omniprésence de flash-backs, l'auteur nous démontre, comme dans son deuxième roman, une grande maîtrise de l'épopée.








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