samedi 12 novembre 2016

La Geste de Kadji, Lin Carter


Lecture dans le cade du challenge :



Kadji souleva sans hésiter la tapisserie maculée de sang et examina le visage qu'elle celait.
La mort l'avait rendu froid et blanc comme un marbre.
La mort lui avait volé sa perfection et sa beauté. La bouche était crispée en une hideuse grimace de terreur et les yeux vitreux semblaient contempler à jamais les traits de l’assassin inconnu. L'assassin – ou Les assassins ? Car le corps portait d'effrayantes blessures, des plaies ouvertes à la poitrine, à l'épaule, au ventre, à la gorge et au flanc.
Il baignait dans une mare de sang séché, visqueux et noir...


Le récit s'ouvre sur une poursuite, celle d'un clan de guerriers nomades qui après avoir essuyé une lourde défaite sont traqués par les mercenaires à la solde de l'Empereur Dragon. Pour soigner les nombreux blessés la troupe doit se réfugier derrière les Montagnes Noires. Mais avant de s'engager dans le passage secret, le chef de guerre du clan missionne son petit fils Kadji. Celui-ci rebrousse chemin pour aller tuer l’usurpateur qui s'est installé sur le trône impérial. Un long périple semé d'embûches attende le jeune guerrier porteur de la Hache Bénie du clan.

Plus connue pour son Cycle de Thongor, réédité, l'auteure nous livre une héroïc-fantasy sans surprises mais de bonne qualité. On retrouve dans cette œuvre l'empreinte de Conan dont elle a conjointement avec Lyon Sprague de Camp poursuivie la série.

Pour apprécier ce type de fantasy, il faut tenir compte de sa date de parution : 1976. Une époque où la fantasy, n'avait pas la notoriété actuelle, et où elle nous était livrée brute de décoffrage, sans fioritures et sans états d'âmes.

La Geste de Kadji est donc de cette mouture, un univers pas aussi détaillé que pourrait l'espérer les lecteurs d'aujourd'hui, de nombreux événements mais sans rien de bien original, des personnages taillés à coups de serpe.

Un univers simplement esquissé, sans de longues descriptions malgré un long voyage du Héros. Un voyage qui nous conduit sur les traces improbables de Gengis Khan de la Sibérie à la Chine. Bien qu'il n'y ait pas de réelles références historiques de nombreux points nous laisse à penser que l'auteure s''est largement inspirée du déclin de L'Empire Mongol, l'on peut citer par exemple la Horde qui a connu la gloire et qui attend son sauveur pour retrouver l'éclat d'antan, un magicien aux yeux bridés,...

Les événements sont nombreux, se succèdent sur un rythme effréné, les combats sont plutôt bien dépeints même si c'est toujours à l'avantage du héros dont le récit est essentiellement centré sur sa personne, les personnages qui l'entourent étant essentiellement là pour le mettre en valeur. Si le postulat de départ renverser le tyran est tout ce qu'il y a de plus basique et que le dénouement n'offre aucune surprise, on passe un bon moment de détente, et c'est cela l'essentiel.

L'écriture est agréable, le style incisif et direct est parfaitement adapté à cette héroïc-fantasy de deuxième génération. L'auteure va à l’essentiel ne s'encombrant pas de détails superflus, elle nous fournit ce qui est toutefois nécessaire pour être pleinement en osmose avec l'histoire.

La connexion entre les nombreux événements et la la plume de l'auteure offre une excellente dynamique de lecture, les pages se tournent d'elles même.

Une fantasy de très bonne qualité si l'on tient compte de l'époque à la quelle elle a été publiée, dans la lignée d'Howard, de Leiber, de Rice Burroughs. C'est donc sur un brin de nostalgie que se clôture cette chronique.




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